Sexualité féminine au cours de la grossesse et en post-partum: A propos de 80 femmes tunisiennes

Résumé

Buts : Etudier le retentissement de la grossesse et du post-partum sur la sexualité de la femme et sur la vie du couple et évaluer la qualité de l’information et du dialogue à propos de ce sujet.
Méthodes : Il s’agit d’une étude prospective descriptive et analytique, durant les mois de Juillet et Aout de l’année 2010. Nous avons choisi au hasard 80 femmes tunisiennes indépendamment de leurs motifs de consultation. Le recueil des données s’est fait à l’aide d’un questionnaire comportant 45 items sur la sexualité au cours de la dernière grossesse et de la période du post-partum correspondante,sur le retentissement sur la vie du couple et sur la qualité de l’information et du dialogue sur ce sujet. L’analyse des données a été faite par le logiciel SPSS (17ème version). Pour l’étude corrélative, on a utilisé le test du chi2 avec un seuil de signification de 5%.
Résultats : L’âge moyen était de 31,64 ± 6 ans. Avant la grossesse,la sexualité était qualifiée comme « satisfaisante » pour prés de la moitié de l’échantillon (48,5%) contre 78,8 % pour leurs conjoints.Dix huit pour cent des femmes pensaient qu’il n’était pas possible d’avoir des relations sexuelles au cours de la grossesse. Cette croyance n’était pas en rapport avec le niveau d’instruction (p=0,151), ni avec l’origine géographique (0,064). Cinquante quatre pour cent des femmes ont rapporté une diminution de leurs activités sexuelles durant leurs grossesses. Les trois principales causes de cette diminution étaient : l’inconfort physique (83%), la peur de nuire au bébé (66,7%) et la baisse du désir chez la femme (33,4%).
En post-partum, une diminution de l’activité sexuelle a été rapportée par 64% des femmes. La reprise d’une activité sexuelle normale était en moyenne après 4 mois de l’accouchement (avec des variations entre 1 mois et 2 ans). La sexualité était considérée comme un sujet tabou par 81,8 % des femmes. L’information sur la sexualité par les professionnels de la santé était jugée insuffisante par 78,8% des femmes.
Conclusion : La sexualité demeure un sujet tabou par la majorité des femmes. Leur croyance à l’impossibilité d’avoir des relations sexuelles au cours de la grossesse n’était pas en rapport avec le niveau d’instruction, ni avec l’origine géographique. La période de la grossesse et du post-partum s’accompagne d’une perturbation de la qualité de vie avec retentissement sur la vie du couple.